Une récente enquête de la Mutualité française sur le thème de la santé au travail révèle le véritable plébiscite dont fait l’objet la prévention des risques professionnels (1). En effet, quelque 80 % des salariés français estiment qu’“il est important que les entreprises mettent en place des actions d’information et de prévention concernant les souffrances professionnelles tant physiques que mentales”. Mieux : cette conviction est partagée par 90 % des chefs d’entreprise.
Dans un monde du travail en pleine mutation, la santé, la sécurité et les conditions de travail s’affirment ainsi comme un sujet profondément fédérateur. Pourtant, malgré ce consensus, la même enquête met en évidence que cette attente est, hélas, globalement déçue. À peine plus d’un Français sur deux (52 %) estime que “les entreprises se préoccupent des conditions de travail et du bien-être physique de leurs salariés” et seuls 47 % considèrent qu’elles sont “mobilisées en faveur du bien-être mental de leurs salariés”. D’ailleurs, les chefs d’entreprise eux-mêmes admettent volontiers leurs lacunes : seuls 43 % des dirigeants indiquent “avoir mis en place au sein de leur entreprise une politique globale de prévention en matière de santé au travail”.
L’explication de ce paradoxe est donnée par la même enquête qui souligne que nombre de chefs d’entreprise se sentent démunis pour traiter les questions de santé et de sécurité ne relevant pas de leur cœur de métier. Nombre d’entre eux (41 %) disent “se sentir aujourd’hui en manque d’accompagnement de la part des professionnels de santé comme la médecine du travail” ou “manquer d’information sur les actions à mener pour améliorer la santé des salariés au travail (36 %) et sur ce que recouvre effectivement le mal-être au travail (30 %)”.
Le dossier que nous publions ce mois-ci répond à cette préoccupation. Il souligne en effet que, conscient de la complexité des enjeux de santé et sécurité au travail, le législateur lui-même a prévu que les employeurs puissent se faire épauler par des experts et des organismes externes. Ces prestataires sont capables d’apporter des réponses à leurs questions et même, pour certains, issus du secteur privé, de proposer des solutions d’accompagnement globales et durables. Les chefs d’entreprise ne sont pas seuls et les conditions sont bel et bien réunies pour faire de la prévention des risques un élan collectif source de cohésion et de performance.
François Sidos
Président du Groupe Pôle Prévention
(1) Observatoire de la santé , 6e édition, février 2023, consultable sur www.mutualite.fr.