Culture de prévention et cultures professionnelles

Culture de prévention et cultures professionnelles

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“Je ne connais pas de secteur d’activité ou de métier qui n’ait pas ses propres contraintes. Nous connaissons les nôtres, elles sont inhérentes à notre activité. Nous aurons toujours l’obligation de travailler le week-end et en période estivale, à être ouvert le soir voire la nuit pour les discothèques et les traiteurs auront toujours une forte activité le week-end. Mais l’attractivité du secteur passe par l’amélioration de la qualité de vie au travail”, explique Vincent Sitz, président de la Commission Emploi Formation QVT au Groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration (GNI-HCR) dans l’entretien qu’il nous a accordé (voir page 14).

De la sorte, il exprime, une réalité incontournable : tout métier comporte des risques spécifiques. Les couvreurs sont davantage exposés aux chutes de hauteur que les cuisiniers et les cuisiniers plus exposés au risque de coupure ou de brûlure que les secrétaires administratifs… Pour s’en convaincre, il suffit d’ailleurs de consulter les statistiques de l’Assurance Maladie qui, année après année, établit une hiérarchie des accidents du travail par secteur d’activité. Les fameux “risques du métier” évoqués par les anciens existent bel et bien et il serait absurde de le nier. 

En revanche, il ne serait pas moins absurde de considérer, comme souvent autrefois, que ces “risques du métier” sont des fatalités sur lesquelles les professionnels n’auraient aucune prise. Une récente étude consacrée à la prise en compte des enjeux de santé au travail dans les métiers du bâtiment, de la coiffure et de la restauration, rappelle que, chez certains professionnels, “les risques ne sont pas tant déniés qu’intégrés au rang de fatalité”, voire envisagés comme des éléments constitutifs de cultures professionnelles faisant de l’endurance au mal ou de l’indifférence au risque un motif de fierté et de dignité professionnelle (1). Dans de nombreuses cuisines comme sur de nombreux chantiers, le “c’est comme ça, on n’y peut rien” se double volontiers d’un “dans notre métier, il ne faut pas trop s’écouter”.

Ces observations ont le mérite de rappeler que la prévention des risques ne saurait reposer sur la seule promulgation de règles et de normes mais qu’elle doit devenir une véritable culture, une “culture de prévention” destinée, non à écraser les anciennes cultures professionnelles, mais à les enrichir. De nombreuses entreprises de tous secteurs ont déjà accompli cette mue, faisant de la prévention des risques et de l’amélioration des conditions de travail un nouveau motif, ô combien légitime, de fierté professionnelle. Elles ont raison car c’est là un moyen bien plus sûr d’aimer et faire aimer leur métier. 

François Sidos
Président du Groupe Pôle Prévention

(1) “Santé et travail dans les TPE : le travail avant tout ? L’exemple du bâtiment, de la coiffure
et de la restauration”
par Émilie Legrand et Fanny Darbus, Dares, Rapport d’études n° 30, août 2022.

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